Voyager en fauteuil, s’installer temporairement en Australie, tout ça seul(e) et bien c’est possible ! Il faut juste se poser les bonnes questions : quelles sont mes limites ? Quels sont mes besoins ? Et surtout ne pas oublier qu’il faudra vous construire ce voyage vous-même. Les informations pour voyager avec un handicap se font rares sur la toile, même si d’intrépides blogueurs et blogueuses se sont lancés (Mille découvertes sur 4 roulettes ou le tour du monde d’Emeline et Jérôme). Emilie, partie seule en PVT en Australie, partage ici son expérience pour vous donner envie et surtout vous montrer qu’il est tout à fait possible de voyager quand on a une mobilité réduite.
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Qui suis-je ?
Emilie, 32 ans, née en kit. Je me trimballe depuis toujours avec mon fauteuil roulant. Je bosse en France, vis seule. J’ai fait mon premier Working Holiday Visa au Canada, en 2009, sur les trottoirs neigeux de Montréal. Je voyage pas mal depuis ce temps- là. Pour mon second working holiday visa, j’ai décidé de venir en Australie.
L’accessibilité ça veut dire quoi ?
L’accessibilité pour moi c’est être capable de me gérer seule, dans un endroit donné, sans demander d’aide à quiconque. J’aurais toujours, bien sûr, besoin des autres, mais il s’agit ici de liberté, notion à laquelle nous tenons tous j’imagine. Attention, l’accessibilité reste quelque chose de très subjectif. Ce qui sera pratique pour moi ne saura l’être pour quelqu’un de plus ou moins autonome. Chacun a ses propres attentes, liées à sa mobilité.
Pourquoi partir en Australie ?
Si j’ai choisi l’Australie, ce n’est presque pas un hasard. J’ai opté pour ce pays pour plusieurs raisons : c’était loin et on a tous des raisons de s’échapper de certaines choses de la vie. J’avais également envie de parler anglais. Il y avait aussi le côté pratique, j’étais sûre ou à peu près que je pourrais me débrouiller seule une fois sur place. Les pays anglo-saxons proposent plus d’infrastructures que d’autres, pour les personnes en situation de handicap et surtout ils se foutent pas mal de ce que vous êtes.
Difficultés rencontrées
Les réticences, vous en rencontrerez ? Tout d’abord, le fait que vous soyez seul(e). Votre capital patience et tolérance sera parfois mis à rude épreuve, face aux yeux ronds de certaines compagnies aériennes ou de professionnels du tourisme. Mais ne perdez pas patience et tout ira bien !
Le logement
C’est toujours le point noir où que j’aille ! Il n’a pas été évident en effet de trouver un appartement ou une maison où je puisse entrer et sortir à ma guise. Il y a souvent des marches à l’entrée etc… c’est donc un paramètre à prendre en compte. Conclusion, j’ai pris plus de temps et dépensé plus d’argent dans mon loyer qu’un backpacker classique, les appartements modernes étant plus chers à la location.
La recherche d’emploi
La plupart des jobs de backpackers sont physiques. Autant vous dire que la cueillette de bananes sur une échelle j’ai dû oublier. Les jobs administratifs sont difficiles à obtenir en raison de la temporalité du Working holiday visa et de sa limite de 6 mois dans une même entreprise (pouvant être étendu à un an sous conditions). J’aurais malgré tout travaillé en tant que collecteuse de dons, pour les aveugles et comme opératrice de saisie. J’ai aussi fait des bénévolats pour divers festivals ciné, la gay pride de Perth ou pour une radio sur Melbourne. J’avais des économies. Sans elles, je n’aurais pas pu tenir aussi longtemps sur place.
Autre point fondamental : Contrairement au Canada, mon statut de personne handicapée n’était pas reconnu ici, car je n’étais pas résidente permanente. Cela veut dire, pas de réductions pour les transports en commun, ni pour les lieux touristiques. Pour le travail, je n’ai pas bénéficié des services des agences dites spécialisées handicap (car subventionnées par le gouvernement), ce qui a été le plus pénalisant finalement.
L’Indian Pacific
Je rêvais de prendre ce train (reliant la côte Est à la côte Ouest) et de me taper un délire « voyageuse dans le train, remplissant son carnet de bord en contemplant les paysages australiens ». Je n’ai pas été accepté à bord car je voyageais seule. Un argument sécuritaire (un peu trop récurrent dès que l’on se promène seule en fauteuil) a été mis en avant. On m’a demandé de prendre quelqu’un avec moi, ce que j’ai refusé. Le train s’est transformé en road train (gros gros camion). Un très sympathique routier australien m’a embarqué avec lui entre Adelaide et Perth, et ça c’était aussi dans ma liste !
Un bilan très positif
L’Australie a tout de même bien rempli sa mission. J’ai vécu à Perth et à Melbourne. J’ai pu me déplacer sans difficultés grâce à des réseaux de transports efficaces et accessibles. Concrètement, il y a des rampes partout, des ascenseurs, des conducteurs qui ne font pas la gueule pour apposer la rampe que ce soit dans les trains ou dans les bus. Je n’avais pas d’impératif horaire contrairement à la France. J’étais une cliente comme une autre. Si je ne rentrais pas d’emblée quelque part, on me filait toujours un coup de main. Le regard des autres ? Je me suis faite la réflexion, personne n’a fait allusion à mon fauteuil en faisant une remarque pendant mon séjour. Les gens sont toujours très surpris par contre que je voyage seule !
Article écrit par Emilie